29 juin 2012

La méthode d'éducation sans perdant - devenir parents efficaces, partie 3

Les conflits ou les tensions entre parents et enfants ou parents et ados, c'est bien plus fréquent qu'on ne le souhaiterait... C'est pourquoi nous recherchons des techniques et des pistes pour réduire le plus possible ces obstacles à une relation épanouie entre nous, pour un mieux-être de chacun aussi.

Dans la première partie nous avons vu que l'écoute active permet d'éliminer une bonne partie des problèmes de nos enfants, et leur restaure leur confiance en eux car ils sont à même de trouver leurs propres solutions de façon de plus en plus autonome.
Dans la seconde partie, nous avons vu que le message "je" réduit significativement aussi une grande partie des problèmes parentaux (par rapport à la relation parents-enfants).
Dans cette troisième partie d'étude du livre Parents efficaces au quotidien (tome 2) de Thomas Gordon, nous allons voir comment aborder les conflits restants pour nous parents quand le message "je" ne suffit pas, et pour ce faire nous devons employer les méthodes de résolution de conflit, et principalement ce que Thomas Gordon appelle la "méthode sans perdant".

Voici le schéma, tiré du livre, qui montre où nous en sommes.


Attention aux obstacles !

"Le concept 'sans-perdant' est au coeur même de notre méthode et de notre philosophie. Il joue un rôle crucial dans la résolution de conflits qui, sinon, finiraient par endommager la relation parent-enfant et par bloquer chez les enfants le développement de leur autonomie. Et même si les parents ont appris des techniques d'écoute efficaces, il ne trouveront pas beaucoup d'occasions de les employer s'ils continuent à avoir recours à des méthodes où il y a un gagnant et un perdant. (...) Les enfants ne partagent pas volontiers avec des parents qu'ils craignent."

Le dilemme de la discipline

"Dans la pratique, discipliner les enfants par des récompenses et des punitions (...)  comporte pour le parent des embûches, dont certaines sont des plus dangereuses et souvent destructrices pour la relation parent-enfant. En premier lieu, les parents vont inéluctablement voir leur pouvoir se détruire (...) [Q]uand les enfants grandissent (...) [l]es récompenses autrefois goûtées sont maintenant regardées avec indifférence. Face aux punitions, les enfants commencent à résister et à se révolter. (...)
Les parents qui ont lourdement misé sur la discipline quand leurs enfants étaient tout jeunes découvrent avec consternation qu'ils sont désarmés quand leurs enfants atteignent l'adolescence. Ils se rendent compte alors qu'ils ne disposent d'aucun système de rechange pour influencer leurs enfants. C'est pourquoi les années de l'adolescence, dans la plupart des familles, sont vécues dans la frustration, la dépression et les crises.
Les parents voudraient bien, naturellement, voir leurs enfants devenir responsables, respectueux des autres, coopératifs, heureux et pleins de santé."

Alors que fait la méthode sans perdant ? Eh bien elle ne contraint, pas : "elle 'incite' Elle incite les enfants à modifier un comportement inacceptable. Elle les incite à prendre des engagements et à les respecter."


Le mythe de la douce autorité

"Si bienveillante que soit l'intention, ce ne sont pas les sentiments du dictateur qui sont en question, mais les résultats du pouvoir sur ceux qui les supportent. (...) Dans la méthode autoritaire, l'enfant a peu de raisons d'aimer ses parents. Dans la méthode permissive, les parents ont peu de raisons d'aimer l'enfant."
Cela paraît un peu fort en première lecture, mais si on regarde les conséquences et les relations sur le long terme, il y a du vrai là-dedans.

Se cantonner dans la méthode autoritaire ou la méthode permissive pour résoudre les conflits mène au ressentiment ou à la soumission, alors que dans la méthode sans perdant, "le parent et l'enfant partent ensemble à la recherche d'une solution qui tiendra compte des besoins de chacun d'entre eux."

Les 6 étapes de résolution de problème de la méthode sans-perdant :
  1. e étape : Définir le problème
  2. e étape : Envisager des solutions possibles
  3. e étape : Evaluer les solutions possibles
  4. e étape : Choisir la meilleure solution
  5. e étape : Appliquer la décision
  6. e étape : Evaluer les résultats ultérieurs

L'avantage de cette méthode est aussi qu'elle peut s'appliquer à résoudre les conflits et tensions de la vie de tous les jours : pas seulement en famille, mais aussi dans le couple, au boulot, entre groupes, et même entre pays, soit n'importe quelle relation humaine ! Ce n'est pas moi qui le dit, mais je le crois volontiers : je pense que la coopération, car c'est bien de cela qu'il s'agit finalement, est en effet une voie royale de résolution de problèmes au sens large !


 Contraintes de temps et interruptions

A la difficulté qu'éprouvent beaucoup de parents de trouver le temps d'organiser avec leurs enfants une séance de résolution d'un conflit ou de solution d'un problème, Thomas Gordon répond que cela n'a rien d'étonnant : "En premier lieu, les enfants (et les adultes aussi) goûtent rarement l'idée d'affronter un conflit et de passer par le douloureux processus de la confrontation, de travailler à la recherche d'une solution et de parvenir à un compromis qui modifie leur comportement. La plupart des gens préfèrent éviter la résolution de conflit. Il est plus simple et plus confortable de lire, de regarder la télé, ou encore de différer ou d'éviter le problème, dans l'espoir qu'il va disparaître de lui-même."
"Les parents doivent émettre des messages "je" vigoureux s'ils veulent réussir à entraîner leurs enfants dans une résolution de conflit :
  • J'ai besoin que ce problème soit résolu maintenant parce que je ne veux pas que mes besoins soient ignorés plus longtemps. 
  • Ce problème doit être résolu parce que je suis sacrément malheureuse !
  • Je sais que vous êtes occupés pour l'instant, mais j'aimerais qu'on essaie de trouver dès que possible une solution à ce problème. Quand ?
  • Je sais que vous ne voulez pas parler de ça, mais moi je le veux ! Je ne veux pas que les choses restent comme elles le sont. "
 Des techniques de parents pour éviter les interruptions : débrancher le téléphone, s'assurer que les amis ne vont pas arriver, fixer une heure précise pour le jour suivant, choisir un instant où personne n'a une élission de télé favorite, et ainsi de suite.
La résolution d'un problème 'sans-gagnant' prend du temps, mais "à long terme [elle fait] gagner du temps. Pourquoi? Parce que, quand un problème ou un conflit entre personnes est résolu de sorte que les besoins respectifs de chacun seront satisfaits et que chaque partie accepte la solution, il y a beaucoup moins de chance que le problème resurgisse. Chacun est motivé pour appliquer une solution qui le satisfait."

 Pour tous ceux qui ont l'impression que la méthode ne marchera pas avec leurs enfants, ou qu'ils ont l'impression d'être ridicules, ou qu'ils se sentent souvent trop épuisés pour s'y mettre... Thomas Gordon donne des pistes : 
  1. Expérimenter la méthode sans-perdant quand il n'y a pas de conflit brûlant, "ici et tout de suite", pas d'émotions fortes telles que colère, frustration, ressentiment. (par ex: Comment allons-nous passer toue ensemble le prochain congé? ou Comment pouvons-nous résoudre le problème que j'ai quand je dois vous réveiller trois ou quatre fois le matin pour que vous soyez à l'heure à l'école?) En commençant par une résolution de conflit de ce type de prévention, non seulement la méthode paraît moins complexe, mais les parents auront une chance de voir avec quelle bonne volonté les jeunes sont prêts à accepter les solutions qui aideront leurs parents (pourvu, bien sûr, que leurs propres besoins soient également satisfaits).
  2. Il est préférable de choisir un problème qui rend l'enfant malheureux parce que ses besoins n'ont pas été satisfaits dans le passé. Dans de tels problèmes, l'enfant a vraiment un bénéfice à retirer de la résolution du conflit. (par ex: Tu détestes que nous te rappelions chaque soir qu'il est l'heure d'aller au lit. Essayons de trouver une solution qui soit acceptable pour toi et aussi pour nous. )
  3. Une fois que les enfants ont un petit stock d'expériences dans lesquelles ils ont, eux, retiré un grand avantage de la résolution de conflit, ils seront beaucoup plus disposés à participer à une recherche de solution quand ce sont les parents qui n'obtiennent pas la satisfaction de leurs besoins.
 Quand les enfants s'en vont pendant une résolution de conflit
Les pistes : 
  1. Passer à l'écoute active, pour mieux comprendre pourquoi ils cherchent à esquiver la discussion.
  2. A condition d'être authentiquement disposé à reporter cette conversation, prenez un rendez-vous pour plus tard. 
  3. Sinon, un fort message "je" s'impose alors (ex : Quand j'ai un problème et que vous m'ignorez ou que vous fuyez, je me sens vraiment frustrée et je pense que vous ne vous souciez guère de moi.)
  4. Attention, si on laisse nos enfants fuir une demande de résolution de conflit, il apprendront très vite à esquiver nos tentatives ultérieures par la même réponse évasive ! "C'est à peu près comme dans un mariage : si vous êtes décidée à avoir une bonne relation, cela exige une vigilance permanente. Et il ne faut jamais laisser à la confusion le temps de s'installer, si vous voulez que votre union marche bien. La résolution d'un problème est toujours bénéfique, à moins que quelque chose accroche et qu'il y ait l'un des deux qui ne désire pas que les choses tournent bien."

Quand les enfants ne s'en tiennent pas à leurs engagements 

[Si l]a méthode sans-perdant accroît grandement la probabilité de voir les enfants tenir leurs engagements, mais elle ne le garantit certainement pas (...) [,] particulièrement avec les jeunes enfants.
Alors : 
  • Quand l'enfant qui était d'accord pour tenir un engagement ne s'y est pas tenu, ne pas le faire à sa place, sinon on lui enseigne qu'il n'est pas tenu de respecter une décision et de tenir un engagement, puisque éventuellement quelqu'un l'exécuterait à sa place.  
  •  Adresser un vigoureux message "je" exprimant vivement ce qu'on ressent en voyant son enfant ou ses enfants négliger ses/leur(s) engagement(s) . (par ex : Quand nous faisons un marché et que vous ne le respectez pas, je n'obtiens pas l'aide dont j'ai besoin, et je le supporte très mal.)
  •  Ne pas tomber dans le piège de la méthode autoritaire, sinon cela brise toute la démarche et la confiance, et empêche alors d'obtenir des enfants qu'ils soient plus responsables et autodisciplinés.
  •  "Devenir responsable et digne de confiance ne s'obtient pas en une seule leçon ; il y faut de la pratique, tout comme pour apprendre à jouer du piano ou au tennis."
Les moyens d'accélérer ce processus d'apprentissage : 
  1. Emettre un message "je"
  2. Passser à l'écoute active
  3. Emettre un message "je" plus vigoureux
  4. Revenir à la résolution de problème pour voir si une meilleure solution peut être trouvée
  5. Mettre en résolution de problème la difficulté pour l'enfant de respecter son engagement.

Les solutions irréalistes que proposent les enfants

  •  Se souvenir que les jeunes enfants se représentent mal la facilité ou la difficulté d'une tâche, et ne pas les obliger à s'en tenir rigoureusement à leurs premiers engagements (autrement dit on vient à la 6e étape : évaluer les résultats ultérieurs et on cherche ensemble ou laisse au jeune enfant trouver une autre "meilleure" solution)
  • Pour un enfant qui a du mal à s'affirmer lui-même et qui par désir excessif de plaire aux autres, en arrive à renier ses propres besoins, vérifier avec lui s'il ne révèle pas un excès de soumission ou un manque d'affirmation de soi.
Préparer le terrain avec les enfants pour mieux réussir ensemble.

"[L]es parents qui réussissent le mieux à introduire la méthode sans-perdant dans leur famille (en particulier quand les enfants sont déjà grands, et par conséquent accoutumés aux méthodes autoritaire et permissive) sont ceux qui ont fait l'effort d'expliquer la méthode nouvelle avant de commencer à l'utiliser."
Quand les besoins sont clairs, les solutions apparaissent.


Des séances de résolution de problèmes prévues régulièrement

J'en ai envie depuis longtemps, mais les quelques unes que j'ai tentées ces dernières années n'ont pas été très concluantes, sauf que je n'avais pas entre les mains la méthode Gordon : A nous enfin les cercles de famille !
"Certaines familles établissent un programme de séances familiales de résolutions de problèmes qui ressemblent à celles d'un comité d'entreprise. Les avantages de cette technique sont évidents. Voici quelques recommandations pour les rendre plus efficaces :
  1. Ne les faites pas durer trop longtemps. Souvenez-vous que les enfants se fatiguent et se lassent vite.
  2. Certains conflits exigent une résolution immédiate, donc les séances régulières ne remplacent pas celles où l'on aborde les problèmes qui ont un besoin urgent d'être résolus.
  3. N'ayez recours aux séances familial que quand les objectifs impliquent l'ensemble des enfants. Les autres enfants s'ennuient si l'on passe beaucoup de temps sur des conflits qui concernent un seul enfant et un seul parent.
  4. Quand la liste des problèmes est longue, décidez en famille de ceux qui auront la priorité. Les questions de moindre importance pourront être remises à la séance suivante.

Conclusion 

D'autres astuces et pistes sont évoquées dans le livre de Thomas Gordon, Parents efficaces au quotidien (tome 2) , et de nombreux exemples et témoignages enrichissent la méthode , c'est pourquoi le lire apporte réellement, même si mon article en trois parties est assez important pour en retracer les lignes majeures de façon suffisamment fidèle, j'espère. Ces exemples donnent vraiment de l'eau au moulin, comme on dit ;  ça en vaut le coup !
J'applique depuis peu les techniques de ce livre, petit à petit, et on voit vraiment des résultats dans les comportements des enfants comme dans les miens, malgré mon épuisement actuel, alors imaginez quand on est en pleine forme ! Cela ne se fait pas en un jour, bien sûr, mais cela apporte un réel réconfort : enfin des méthodes applicables pour tous les âges et pas seulement les bambins et petits, et pas juste de la théorie ! Car vouloir bien faire ne suffit malheureusement pas, alors au boulot !

Ceci était la troisième et dernière partie de mon article Devenir Parents efficaces au quotidien - la méthode Gordon expérimentée et vécue , pour les Vendredis Intellos.




22 juin 2012

Panier de saison Juin

Comme promis le voici !
Édit : désolée, la fatigue m'a fait mettre les tomates en légume au lieu de fruit, comme vous l'aurez sans doute remarqué !
Bon appétit !
Cliquez sur l'image pour l'agrandir et/ou l'imprimer !

9 juin 2012

L'écoute active, l'écoute de soi et apprendre à communiquer vraiment avec ses enfants et ados - partie 2 (devenir parents efficaces)

Cette semaine pour les Vendredis Intellos , je vous propose de poursuivre notre petit tour au sein de la méthode sans perdant de Thomas Gordon, psychologue qui permet aux parents de communiquer avec leurs enfants pour la résolution de conflits et de difficultés , méthode expliquée et commentée grâce au vécu de nombreuses familles dans son livre "Parents efficaces au quotidien - La méthode expérimentée et vécue " de Thomas Gordon (tome 2, qui peut se lire indépendamment du tome 1).


Pour lire la première partie, c'est par ici : devenir-parents-efficaces-au-quotidien avec nos enfants et nos ados - partie 1 .

Ce qui change dans la famille quand les parents savent écouter

Si un enfant dit "je te déteste", il utilise un code pour exprimer sa colère ou sa frustration ou sa déception. Une fois qu'on aura utilisé l'écoute active pour répondre à ces sentiments plutôt qu'à ce code, l'enfant se sent compris et peut le plus souvent passer à autre chose et n'a pas à se sentir honteux.
Aider les enfants à accepter la réalité et les limites :  "tu dois être terriblement déçu... Je suis sûr(e) que d'une manière ou d'une autre, tu t'en sortiras! Dès que tu seras d'attaque, si tu as envie tu pourras venir m'aider à bêcher dans le jardin."
S'attaquer au vrai problème : l'écoute active favorise le passage du problème apparent au problème fondamental (p106 à 110)

Développer la responsabilité des enfants
" Une écoute empathique et attentive transmet à l'enfant plusieurs attitudes d'esprit :  
  •  Je n'ai pas l'intention de prendre en charge ton problème
  • Mais je vais t'aider à trouver ta solution. 
  • J'ai grande confiance en ta capacité de prendre en main ce problème de façon constructive.                                                                                                                              
  • Je ne t'aime pas moins parce que tu as des problèmes. Ils font partie de notre vie à tous!               
Ces attitudes paraissent exercer une influence puissante sur les enfants et les encouragent à assumer la responsabilité d'affronter leurs propres problèmes au lieu de demeurer dépendants de leurs parents."

Dépasser le quotidien pour leur rappeler ce qu'on souhaite vraiment pour eux : " Tout ce que je souhaite, c'est que tu soies content(e) pour toi. Peu importe ton classement [ à l'école, au sport, en rangement etc...] Je t'aime de toutes façons."

Je trouve qu'exprimer ces intentions ou ressentis avec nos propres mots sans rajouter autre chose n'est pas évident, mais c'est important. Ils ressentent nos espoirs et nos exigences comme des devoirs, si nous les rassurons sur l'amour que nous leur portons, quels que soient leurs résultats, ils se mettent à travailler pour eux, et non plus pour nous.

"Je voudrais être mort" (p119, 120)
Aucun récit n'illustre avec autant d'évidence les effets spectaculaires de l'écoute active que celui-ci, qu'une mère nous a relaté :
" L'histoire est simple. Je suivais la formation Parents efficaces quand mon fils aîné, alors âgé de huit ans, s'est mis à faire des remarques fréquentes sur sa vie qui était vraiment fichue, qu'il ferait mieux de mourir. Il émettait des jugements désespérés qui m'inquiétaient profondément. En élevant mes enfants, je m'étais fixé un but clair et invariable : qu'ils aient un sentiment positif d'eux-même et qu'ils puissent s'éveiller chaque matin en trouvant qu'il fait bon vivre. Et voilà que mon aîné, mon unique garçon, qui semblait vivre exactement le contraire de ce que j'avais si ardemment souhaité et fait tout mon possible pour qu'il éprouve.
J'avais déjà expérimenté l'écoute active auprès de mes camarades de cours, mais je ne voyais pas que deux et deux font quatre. La solution était sous mes yeux, et je ne la voyais pas.
Quelques semaines plus tard, mon fils est entré, l'air abattu, dans la cuisine où je préparais le dîner, et il a tenu un de ses propos dépressifs. Je n'étais guère experte en écoute active et mes quelques tentatives précédentes avaient sonné bien faux, mais j'ai décidé de faire un nouvel essai. Il venait de dire quelque chose comme : "Sûr que je n'aime pas beaucoup ma vie..." et ça tournoyait dans ma tête pour essayer de trouver une formule qui lui renvoie ça, et tout ce que j'ai trouvé, ç'a été quelque chose qui m'a paru complètement inadapté et dépourvu d'imagination, du genre : " On dirait que tu te sens déprimé." Il ne parut pas remarquer mon incompétence et poursuivit par un "Personne ne prend soin de moi", suivi d'un "Toi et papa faites toujours des choses avec Judith et Rebecca (ses soeurs)..." et ainsi de suite. Je me disais : " Je n'ai jamais vu d'enfant plus déprimé", je me suis sentie tour à tour coupable, irritée, déçue, mais j'ai continué à dire "Mmm Mmm", "Tu es vraiment très triste à cause de ça" ou "Tu penses que nous les aimons plus que toi". Tout cela me paraissait laborieux et artificiel et je ne pensais pas que nous ayons une grande chance d'aboutir à l'une de ces "fins heureuses" paradisiaques du bouquin. Il ne montrait aucun de ces indices-d'une-évolution-vers-une-solution dont le livre est rempli. Il continuait simplement à accumuler des situations de plus en plus déprimantes, remontant jusqu'à des événements qu'il avait vécus à l'âge d'environ trois ans !
Au bout de trois quarts d'heure, je lui ai dit que j'aurais bien voulu continuer, mais que le dîner était déjà en retard et que s'il voulait, nous pouvions fixer un moment pour revenir à notre entretien. Il a dit d'accord, qu'il avait terminé, et il a bondi de sa chaise et il est sorti en sifflotant! J'étais abasourdie. Et, enfin! une chose m'a frappée : c'est que jamais je n'avais permis à cet enfant d'avoir une bonne raison pour arranger la situation, sans jamais lui manifester la simple sympathie d'humain à humain qui lui aurait permis d'éliminer ses problèmes en les affrontant !
C'était il y a un an : depuis, aucun signe de dépression n'a reparu. Il y a eu des incidents désagréables ou décourageants. Jamsi plus je n'ai cherché à les justifier par des explications ou à offrir des solutions. Je pratique l'écoute active du mieux que je peux. La vie n'est pas tout entière glorieuse et rose. Tous les problèmes ne sont pas immédiatement résolus. Il y a des jours où tout semble aller de travers. C'est la vie."

 Nouveaux aperçus pour aider les parents à satisfaire leurs besoins

"Vivre avec un enfant signifie inévitablement que certains comportements vous sembleront parfois inacceptables parce qu'ils contrarient ce que vous voulez faire, qu'ils vous empêchent de vous épanouir ou qu'ils créent en vous un sentiment de frustration ou de vive colère. Beaucoup de parents ne savent pas assez s'affirmer, et leur permissivité encourage leurs enfants à les bousculer sans cesse. D'autres tentent de s'affirmer, mais par des moyens si agressifs que la relation avec leurs enfants en est brisée et qu'ils nuisent à l'estime que les enfants doivent se porter.
Notre approche encourage explicitement les parents à s'affirmer lorsque la conduite de leurs enfants leur crée un problème, mais elle propose à cet effet des techniques précises, nouvelles pour la plupart des parents, et qui les aideront à s'affirmer d'une manière bien plus efficace et constructive."

La majorité des comportements types des parents confrontés à une conduite jugée inacceptable de leur enfants fait partie de la catégorie des "obstacles à la communication" :
"1. Ordonner, commander, exiger
Va dans ta chambre.
Arrête de aire tout ce bruit.

2. Menacer, avertir, mettre en garde
Si tu n'arrêtes pas, tu auras la fessée.
Débarrasse le plancher ou je me mets en colère.

3. Moraliser, sermonner
On ne coupe pas la parole à quelqu'un.
Il faut toujours dire merci.

4. Conseiller, donner des solutions
Pourquoi n'irais-tu pas jouer avec tes copains ?
Ne pourrais-tu mettre tes vêtements autre part ?

5. Argumenter, persuader par la logique, faire la leçon
Il n'est pas correct d'utiliser ton couteau comme tu le fais.
Les livres sont faits pour être lus et non pour être jetés.

6. Juger, critiquer, blâmer
Tu n'es pas soigneuse.
Tu es un mauvais garçon.

7. Complimenter, approuver, louanger
Toi qui es si gentil avec tes camarades !
Ce n'est pas ton genre d'être aussi insouciant.

8. Humilier, ridiculiser, étiqueter
Tu es la mouche du coche.
Tu devrais être honteux de ta conduite.

9. Interpréter, psychanalyser, diagnostiquer
Tu es simplement un peu jaloux de ton frère.
Tu veux toujours m'embêter quand je suis fatigué.

10. Rassurer, sympathiser, consoler
Ne t'inquiètes pas pour ce que je ressens.
Le bruit ne me dérange pas vraiment.
Je comprends pourquoi tu tapes sur ton petit frère.
Allez, tout va bien!

11. Enquêter, questionner
Pourquoi as-tu fais une chose pareille?
Es-tu conscient de ce que tu viens de dire?
Pourquoi faut-il que tu fasses hurler la radio?
Qui t'a appris ça?

12. Dévier, blaguer, esquiver
Ne veux-tu pas lire plutôt que de regarder cette niaiserie à la télé?
Regarde comme il fait beau, va jouer dehors.
Je suis si heureuse d'avoir des enfants aussi sages et aussi gentils.
Tu n'as pas peur de te crever les tympans ?"

Ces messages "tu" sur les enfants produisent le plus souvent un ou plusieurs effets suivants :
1. Les enfants résistent quand on leur ordonne de faire quelque chose ou quand on les menace.
2. Les enfants se détournent des parents qui moralisent, sermonnent ou font la leçon.
3. Les messages "tu" font savoir : "Je ne te fais pas confiance pour trouver un moyen de m'aider."
4. Les messages "tu" refusent à l'enfant la chance qu'ils trouvent d'eux-même un comportement qui tient compte des besoins des parents.
5. Les enfants qui encaissent des blâmes ou des insultes se sentent coupables.
6. Blâmes et insultes réduisent l'estime que l'enfant a de lui-même.
7. Les enfants se sentent rejetés et mal aimés quand ils reçoivent des messages qui les informent qu'ils sont "méchants" , "idiots", "irréfléchis", "insouciants".
8. Les messages "tu" suscitent des réponses-boomerangs qui humilient le parent : "Tu es toujours fatigué", "Toi aussi tu laisses traîner tes affaires", "Tu es un gros grognon", "Tu n'es jamais contente"...

"Les messages qui font comprendre à l'enfant les conséquences que son comportement entraîne pour votre vie ont beaucoup moins de chances de produire des effets semblables :
- Je ne peux pas faire la sieste avec tout ce bruit dans la maison.
- Ca me démoralise complètement de retrouver dans un tel état la cuisine que je viens de nettoyer.
- A cause du bruit que vous faites, je n'entends plus rien au téléphone et ça me contrarie."
L'utilisation du "je" change beaucoup de chose : le code est clair !

Se poser la question : "Quels sont mes sentiments réels?"
En employant le message"je" , on est obligé de se mettre à l'écoute de ses sentiments.
Ce qui peut aider  :
1. Faire une liste
2. Inscrire dans un tableau :
  • Une dizaine de comportements de votre enfant qui vous sont généralement inacceptables (1e colonne)
  • chercher en quoi ils entravent pour vous un besoin ou un désir.
  • dans une seconde colonne, à la suite de chacun des comportements, écrire les mots "j'ai peur"
  • dans la 3e colonne écrire les mots qui complètent de façon appropriée la peur suscitée...
3. Chercher le sentiment, l'impression de base (pas besoin de trouver des mots élégants ou le plus précis possible).

Définir ce qui nous rend soucieux ou anxieux ou fâché n'est pas si facile, mais le mettre en mots permet d'ôter à l'enfant le sentiments de culpabilité flou et anxiogène qu'il ressent la plupart du temps lorsque nous disons juste que nous sommes fâchés ou en colère...Thomas Gordon nomme cela le "sentiment premier" : celui qui entraîne nos réactions. En trouvant le sentiment premier, puis en le communiquant, le parent réalise dans la plupart des cas que son propos est en fait d'amener son enfant à changer de conduite : la colère n'a souvent rien à voir...

Emettre un message "je" complet et clair est important :
1.Décrire le comportement inacceptable, 
2. puis exprimer le sentiment premier vécu, 
3. et enfin expliquer l'effet concret et tangible que cela provoque en nous.

En expliquant l'effet concret (le pourquoi) provoqué par leur comportement que nous jugeons inacceptable, nous leur donnons une bonne raison pour renoncer à un comportement qui leur convient. "Ne pas communiquer cela à l'enfant [le pourquoi], c'est le laisser sans raison de changer."

Cela peut amener à des solutions qui se dégagent presque d'elles-même... (voir p137, 138)


Quand les enfants ignorent notre message "je" :

Si "un message "je" est simplement le meilleur moyen (...) pour informer quelqu'un que sa conduite vous fait problème. Il réduit aussi les risques de provoquer chez l'autre personne un sentiment de culpabilité, d'humiliation et de rancune. Mais [ça ne] garantit jamais que l'autre personne va immédiatement, spontanément, modifier son comportement en considération de vos besoins.
Si vous avez communiqué votre sentiment premier et l'effet tangible engendré, il existe d'autres facteurs qui ont une influence sur le succès ou l'échec de votre message :
"Ecoutez-vous quand c'est votre enfant qui a des problèmes?" "Le désir d'aide doit être réciproque. Il ne peut être à sens unique, en tous cas pas pour longtemps. Si vous écoutez bien vos enfants quand ils vivent des problèmes , vous allez augmenter les chances de les voir répondre de façon constructive à vos messages quand c'est vous qui avez le problème."
"L'importance de savoir changer de position et passer à l'écoute active" quand c'est nécessaire. Dans ce cas, l'écoute active va aider à réduire les réactions émotives de l'enfant devant notre tentative de satisfaire nos besoins.
"Les messages de solution ne sont pas des messages "je"" .
Exemple : "Quand la table est encombrée de papiers, je ne peux pas mettre le couvert pour le dîner, et je n'ai pas envie de la débarrasser moi-même." plutôt que "je veux que vous rentriez débarrasser la table" qui est une solution et un ordre... et sera généralement inefficace.
"Le recours au pouvoir et à l'autorité" après un message "je" est totalement inefficace à long terme : cela "équivaut à dire à l'enfant : "J'ai un problème et j'aimerais que tu m'aides, mais si tu ne le fais pas, je t'y forcerai!" Ce n'est pas le genre de message qui fortifie chez l'enfant le désir de prendre en considération les besoins de ses parents, n'est-ce pas?"


Bienfaits des messages "je" pour les parents et la vie familiale

Un père rappelle à sa femme le succès d'un message "je" : "Un soir, tu nous as annoncé que le dîner était prêt, et personne n'est venu. Tu as alors fait un très bon message "je" : "Je suis frustrée, j'ai passé beaucoup de temps à préparer un bon dîner et ça m'embête que tout soit en train de refroidir." C'a été dit si spontanément que ça devait marcher. J'ai observé les enfants : ils ont senti le bien-fondé du message et ils sont arrivés. J'envie cette capacité que tu as d'exprimer des messages "je" aussi bien construits. La plupart du temps, elle fait ça sans même s'en rendre compte."

L'écoute active libère les enfants, le message "je" libère les parents.
Les messages "je" ont aussi un effet de libérateur, en plus d'être le plus souvent efficaces. "Ils aident les parents à exprimer leurs sentiments au lieu de les garder enfermés en eux." 


Nouvelles applications des messages "je" :

Le message "je" aux tout-petits et aux nourrissons a été l'objet d'un article par Mille Bulles pour les VI

Le message "je" d'appréciation peut servir à mettre en relief ce que l'on ressent de positif et pourquoi (toujours les 3 parties) . Un exemple :
"Tu t'habilles toute seule maintenant, j'aime bien car ça nous laisse plus de temps pour bavarder et nous amuser ensemble." Et [Caroline] rayonne.
Le plus dur alors est de ne pas émettre de jugement ni évaluation : les compliments peuvent être perçus comme un contrôle, comme une tentative de "renforcer" leur "bon" comportement.(pour mieux comprendre les nuances, lire pages 171 à 178)

Le message "je" de prévention : on prévient à l'avance.
"Ces messages d'affirmation n'obtiennent naturellement pas toujours le résultat exactement escompté par les parents mais il est infiniement préférable que vos enfants sachent à l'avance ce que vous avez en tête, plutôt que d'attendre que, dans l'ignorance de vos besoins, ils se conduisent de façon inacceptable. Un message "je veux" émis à temps vous évitera dix confrontations."

Comment les messages "je" aident à la résolution des problèmes
"Quand un message "je" échoue à produire un changement immédiat dans un comportement d'enfant, il y a des parents qui abandonnent, déçus, pleins de ressentiment. Ils oublient que les messages "je" ne sont souvent qu'un prélude à la résolution d'un problème ou d'un conflit."
"Quand les messages "je" n'ont pas suffi, les parents doivent partir à la recherche d'une solution jusqu'à ce qu'ils en aient trouvé une qui répondra à leurs besoins comme à ceux de leurs enfants."


Pour conclure cette seconde partie :
"La plupart des parents comprennent vite qu'en apprenant à mieux écouter, ils ont tout à gagner et rien à perdre." Les parents sont aussi très réceptifs au message "je" qui est facile à mettre en place. Reste à aborder la méthode sans perdant proprement dite, ce que nous ferons lors de la 3e et dernière partie, les deux premières techniques étant un préalable nécessaire à la troisième pour que l'ensemble soit authentique, bénéfique et efficace !


Pour aller plus loin en attendant la troisième partie :
ce-que-tous-les-parents-devraient-savoir par Sandrine S CommC aux VI

6 juin 2012

Bien débuter son allaitement

Allaitement : les débuts

Imprimer Envoyer

Ce dossier a été publié dans Allaiter Aujourd'hui n°31, LLL France 1997

Un bon départ pour l'allaitement


Même s'il faut dire et redire qu'en matière d'allaitement, pratiquement rien n'est irrécupérable, qu'on peut, avec une forte motivation, beaucoup de soutien et de bonnes informations, presque "tout" rattraper, il n'en reste pas moins que dans les faits, un mauvais démarrage se conclut trop souvent par un sevrage précoce.
Or ces mauvais démarrages n'ont rien de fatal. Il ne sont le plus souvent que le résultat de mauvais conseils, donnés en toute bonne foi mais qui dénotent une ignorance totale de la physiologie de la lactation.
Aussi avons-nous eu envie de revenir sur le sujet qui faisait le dossier du premier numéro à 'Allaiter aujourd'hui' .
Huit ans après, si l'on en croit les témoignages qui suivent, les choses ne se sont pas beaucoup améliorées, et les trois "règles d'or" ne semblent toujours pas connues ni appliquées dans beaucoup de services de maternité.
Elles sont pourtant - en plus de l'importance de la tétée précoce - le B.A.BA d'un bon démarrage :
- une bonne position du bébé au sein (tout son corps tourné vers la mère, il a en bouche non seulement le mamelon mais une bonne partie de l'aréole, qu'il comprime entre sa langue et son palais), ce qui évite douleurs de mamelons, crevasses (voir AA n° 23), et par une bonne stimulation du sein, apporte au bébé tout le lait dont il a besoin ;
- dès la naissance, un allaitement vraiment à la demande, c'est-à-dire sans limitation ni du nombre ni de la durée des tétées, sans intervalle minimum entre deux prises du sein (les 3 heures fatidiques !), ce qui permet d'éviter les engorgements, de bien mettre en route la lactation et de combler les besoins de nourriture, succion et contact du bébé(l);
- pas de biberons de complément, qui comportent un double danger. D'une part la tétine du biberon (de même que les sucettes et les téterelles) risque d'entraîner chez le bébé
une confusion sein/tétine, qui fait qu'il ne sait plus "bien" téter le sein (voir AA n° 28). D'autre part les compléments (qu'il s'agisse de lait ou d'eau sucrée) perturbent l'établissement de la sécrétion lactée : selon la loi de l'offre et de la demande, plus le bébé tète, plus il y a de lait, moins il tète, moins il y a de lait ; s'il est "calé" par un biberon, il va moins téter, fera fabriquer moins de lait, sera frustré à la tétée suivante, et l'on sera alors tenté de lui donner davantage de complément. Amorce d'un engrenage qui aboutit très vite au sevrage du sein.

Mais plutôt que de détailler ces "il faut, il ne faut pas", nous avons eu envie de publier ici une large partie de l'intervention du Dr Gro Nylander à la Journée internationale de l'allaitement, le 21 mars dernier. La façon dont elle décrit comment l'allaitement démarre quand on ne lui met pas de bâtons dans les roues, nous a semblé tellement simple, belle et naturelle, que nous avons voulu vous la faire partager.
N'oublions pas que Gro Nylander est norvégienne, que les bébés norvégiens sont allaités à 98% à la naissance, qu'ils le sont encore à 60% à 6 mois. Preuve que le démarrage s'est bien passé !
Ce que nous pouvons souhaiter de mieux aux bébés et aux mères de chez nous, c'est de pouvoir vivre eux aussi un démarrage aussi simple.

C.D.J.

(I) Rappelons que toutes les observations de populations primitives, où l'allaitement se rapproche sans doute le plus de ce que la Nature a prévu pour l'espèce humaine, montrent des tétées courtes et très fréquentes (trois ou quatre par heure, jusqu'à une soixantaine par 24 heures !). Voir par exemple Melvin Konner et Carol Worthman, "Nursing Frequency, Gonadal Function, and Birth Spacing Among !Kung Hunter-Galherers", Science, vol. 207, 15 Feb. 1980, pp. 788-91.



Les organisatrices de ce congrès m'ont demandé de parler du bon démarrage de l'allaitement. C'est un point capital, car si le départ est bon, l'essentiel du travail est fait, et la mère allaitera généralement sans gros problèmes.

Le mode de naissance et les analgésiques jouent un rôle.
Un accouchement normal, par voie basse et avec une analgésie réduite au minimum, est ce qu'il y a de mieux. Tous les analgésiques, y compris la péridurale, ont un impact sur le nouveau-né, et affectent négativement la mise au sein pendant plusieurs jours. Ces dernières années, nous avons appris de plus en plus de choses sur les capacités, instincts et réflexes du nouveau-né, qui permettent à la plupart des enfants nés à terme et en bonne santé de trouver le sein, dans la mesure où la mère n'a pas été trop lourdement médicamentée pendant l'accouchement.

Dans les circonstances normales, tous les bébés nés à terme et en bonne santé sont placés dès la naissance sur le ventre de leur mère, à proximité de ses seins. Le bébé peut pleurer, avoir quelques petits problèmes respiratoires transitoires ou avoir besoin de se reposer. Mais après un moment de repos, pouvant aller de quelques minutes à une ou deux heures au maximum, la plupart des bébés se réveillent et ont un comportement standardisé. Si les yeux du bébé ne sont pas fermés par un œdème, il va regarder avec une grande concentration, et fera preuve d'un intérêt particulier pour le visage de sa mère -surtout ses yeux- et pour le sein et le mamelon.

Il commencera à faire des grimaces avec sa bouche, à bouger les lèvres et la langue. Si l'on touche ses lèvres, il ouvrira grand la bouche. Si on lui touche la joue, il se tournera vers le côté touché.

Il va commencer à ramper, d'abord en remuant les hanches et les jambes, puis en remuant les bras, dans le but de se hisser vers les seins. Il va commencer à porter sa main à sa bouche. Il va étendre et replier les bras, et essayer d'agripper tout ce qui lui passera sous la main, souvent le mamelon s'il le peut.

De même, la plupart des mères agissent de façon similaire, pour peu qu'on les laisse faire tranquillement et qu'on leur assure que tout va bien. Elles vont explorer tendrement le corps de leur bébé du bout des doigts, parcourant tout son corps s'il est nu. Plus tard, elles vont le caresser pour le rassurer, surtout s'il pleure, et garderont sur lui des mains protectrices.

A certains moments, le bébé "appellera" sa mère à l'aide de petits cris aigus : "Eh ! Eh !", et la mère répondra. Elle parlera à son bébé, généralement d'une voix très particulière, d'une tonalité douce mais plus aiguë que la voix normale, la "voix de bébé". Les recherches ont montré que les bébés portaient une attention particulière à ce type de voix, tout particulièrement si elle provient de leur mère. Les bébés sont nettement moins intéressés par les voix masculines de tonalité grave.

(...) Le nouveau-né a aussi un sens de l'odorat bien développé. Si l'un des mamelons est lavé et pas l'autre, la plupart des nourrissons choisiront le sein non lavé. Il vaut donc mieux que la mère ne se soit pas lavée juste avant. Et si plus tard, un bébé est mis en présence d'un coussinet provenant du sein d'une mère allaitante et d'un coussinet provenant du sein de sa propre mère qui ne l'allaite pas, il choisira le coussinet de la mère qui allaite. Le bébé sait qu'il a besoin de ce lait ! De même, la plupart des mères savent, au bout de quelques jours, reconnaître leur bébé à son odeur les yeux fermés.

Le bébé va devenir de plus en plus actif dans sa recherche du mamelon. Il va bouger la tête, la remuer de droite à gauche, quelque chose que nous n'aurions pas cru possible il y a quelques années.

Habituellement, il semble bon d'aider le bébé à prendre le sein quand il montre qu'il est prêt à le faire. Mais si on ne le fait pas, bon nombre de bébés en bonne santé se débrouilleront pour trouver le sein eux-mêmes. Lorsque le mamelon touche sa bouche, le bébé commence à le "chercher", ouvrant grand la bouche, remuant les lèvres, allongeant la langue afin de pouvoir prendre une large bouchée de sein dans sa bouche. Il est nécessaire que le tissu mamelonnaire soit introduit jusqu'au fond du palais dur pour déclencher le réflexe de succion. Il est très important d'attendre que le bébé ait un bon réflexe de fouissement, même si nous souhaitons l'aider, car cela lui rendra plus facile une bonne prise en bouche du sein.

Nous devons faire en sorte que le bébé fasse ses premières expériences de succion sur un sein souple et extensible, et non sur la tétine dure et peu élastique d'un biberon ou d'une sucette, ce qui peut induire une confusion sein/tétine.

Parfois le bébé ne tétera pas correctement au sein les toutes premières fois. Il pourra se contenter de frotter son nez dessus et de goûter un petit peu. Il sera alors important d'expliquer à la mère que c'est une façon comme une autre de commencer, et que cela ne constitue pas un refus du sein.

Il est bon que le bébé reçoive quelques gouttes de colostrum lors de cette première tétée, ce qui aidera au démarrage de ses fonctions digestives et immunitaires. Il est encore plus important de savoir que le fouissement du sein par le bébé induit des taux très élevés d'hormones chez la mère, ce qui fera démarrer en flèche sa sécrétion lactée.

Le nombre des récepteurs pour l'ocytocine est particulièrement élevé dans le tissu mammaire juste après la naissance. Cette hormone, qui est responsable des contractions utérines pendant l'accouchement, est aussi responsable du réflexe d'éjection du lait. Lorsque le bébé tète, un signal est envoyé par le système nerveux depuis les seins de la mère jusqu'à l'hypophyse et l'hypothalamus, lieux de production de l'hormone, qui sera excrétée dans le sang. Elle sera ensuite amenée par la circulation sanguine dans toutes les cellules maternelles, induisant des contractions utérines après la naissance, ainsi que la contraction des petits muscles qui entourent les ascini mammaires, ce qui en fera sortir le lait. Ce circuit du sein au cerveau, du cerveau au sang, avec retour au sein, prendra un certain temps, souvent plusieurs minutes au début. C'est une des raisons pour lesquelles les instructions qui limitent fortement le temps passé au sein par l'enfant sont si néfastes à l'allaitement. Le réflexe d'éjection ne nécessite qu'une faible quantité d'ocytocine, mais sans cette faible quantité, le bébé n'obtiendra pas le lait.

L'ocytocine est aussi produite lorsqu'on caresse la peau, et elle induit un sentiment de bien-être tant chez la mère que chez l'enfant. Après quelques instants, la mère et l'enfant montreront les signes d'une douce somnolence, et pourront même s'endormir ensemble pour peu qu'on les laisse sans les déranger.

(...) Le rôle du père, à ce moment particulier, me semble être celui de protecteur. Très souvent on voit le père suivre tout le processus très attentivement. Au bout d'un moment, lorsque règnent le calme et la paix, quelque chose de drôle arrive : le père commence à ressembler à un lion ! Il pourra entourer de ses bras protecteurs sa femme et son enfant, et si quelqu'un approche, surtout si c'est une personne inconnue, il respirera profondément, soufflera vers la personne en question et lui jettera un regard peu amène.

Parfois le bébé ne tétera pas correctement au sein les toutes premières fois. Il pourra se contenter de frotter son nez dessus et de goûter un petit peu. Il sera alors important d'expliquer à la mère que c'est une façon comme une autre de commencer, et que cela ne constitue pas un refus du sein.

"brouillard de l'allaitement"
Dans mon pays, nous avons une expression, le "brouillard de l'allaitement". Elle rend compte de cette observation, faite depuis bien longtemps, selon laquelle une femme qui allaite, tout particulièrement pendant les premières semaines après l'accouchement, est dans une sorte de flou. Elle est centrée sur elle-même. Elle obtient généralement des scores plus bas aux tests cognitifs. Cela est probablement un judicieux arrangement de la Nature au moment où la mère a besoin de se concentrer sur son bébé et sur leur petit univers commun.

Plusieurs des hormones secrétées lors de l'allaitement ont apparemment cet impact. La prolactine, produite aussi par la glande pituitaire pendant les tétées pour réguler la sécrétion lactée, atteint son plus haut niveau après les tétées nocturnes, ce qui assure ensuite à la mère un bon repos.

Une hormone digestive, la cholécystokinine, sécrétée tant chez la mère que chez l'enfant pendant les tétées, induit un sentiment de détente et de satisfaction. Le contact peau à peau a le même effet. Les bébés qui reçoivent une quantité adéquate de calories mais ne bénéficient pas d'un contact physique, pourront présenter une stagnation staturo-pondérale. La cholécystokinine facilite aussi la mise en place chez l'enfant des systèmes de stockage énergétique.

Il est souvent dit que l'allaitement est épuisant à cause des tétées nocturnes. Toutefois, même pendant le séjour en maternité, les femmes qui n'allaitent pas sont aussi fatiguées que celles qui allaitent et gardent leur bébé avec elles pour l'allaiter la nuit. Toutes les mères auront besoin de siestes pendant la journée. Une des raisons en est probablement que les rythmes de sommeil changent chez la nouvelle mère, sans doute à cause des modifications hormonales induites par l'allaitement. La mère atteindra plus rapidement le stade du sommeil paradoxal, un sommeil particulièrement important, profond et réparateur, le sommeil des rêves.

Ainsi dans l'idéal, nous avons la mère et son enfant en train de se reposer tranquillement ensemble, après avoir vécu cette suite de réflexes qui ont aidé l'enfant dans son voyage depuis le placenta jusqu'au sein. Il est important qu'ils ne soient pas dérangés. Il a été démontré que même une seule minute d'interruption, par exemple pour aspirer le bébé, est suffisante pour retarder le processus et en compromettre le succès.

Néanmoins tout n'est pas perdu si nous ne pouvons pas obtenir ce départ idéal. Les premières heures qui suivent l'accouchement semblent être une période capitale pour le démarrage de l'allaitement et l'établissement du lien mère/enfant, mais grâce à leur cerveau très développé, les humains ont beaucoup d'autres possibilités et occasions d'établir la lactation et les liens mère/enfant. Cela demandera juste davantage d'efforts à la mère et à l'enfant, et davantage de soutien de la part des professionnels de santé.

L'on m'a aussi demandé de dire quelques mots sur les suppléments donnés en maternité, étant donné que cela constitue en France un problème important. Croyez-moi, vous n'êtes pas les seuls ! Il a été difficile de faire accepter le fait qu'un pauvre bébé devait apparemment rester affamé en attendant la montée de lait chez sa mère, même si aucun autre mammifère ne reçoit de suppléments après sa naissance.

Il y a douze ans, j'ai mené une étude sur la supplémentation en Norvège. A cette époque, les laits industriels à base de lait de vache avaient été proscrits, et l'eau glucosée était le supplément donné en routine. Elle était donnée toutes les trois à quatre heures pendant les trois premiers jours, pour prévenir l'hypoglycémie.

Il est apparu que les enfants recevaient en moyenne 600 ml de cette eau sucrée en trois jours. Cela semble peu de chose à première vue, mais cela correspond à quarante canettes de boisson sucrée avalées par un adulte...

Lorsque l'on a abandonné cette pratique, la prévalence de l'hypoglycémie n'a pas augmenté. A leur sortie de maternité, les enfants qui n'avaient reçu que le lait de leur mère avaient une meilleure prise de poids que ceux qui avaient reçu tous ces suppléments.

Aujourd'hui, en Norvège, très peu de bébés nés à terme et en bonne santé reçoivent autre chose que le lait de leur mère. Aucun supplément n'est donné, sauf indication médicale. Bien sûr, il a fallu se battre pour obtenir ce résultat : ce n'est que l'an dernier que nous avons achevé de mettre au point un texte sur les "critères médicaux pour la supplémentation en maternité", texte approuvé par les chefs de service en pédiatrie et auquel tous les services de maternité se sont vus demander de se conformer.

(...) Les maternités constatent que les mères ont plus de lait et plus vite que jamais auparavant, et que les bébés perdent moins de poids maintenant que lorsqu'ils recevaient des suppléments en abondance.
(...) Je vous souhaite bonne chance dans votre travail en France. Il semblerait que vous en ayiez besoin !

Le texte complet de cette intervention et celui de toutes les interventions à la 3° Journée internationale de l'allaitement sont publiés dans un numéro hors-série des Dossiers de l'allaitement.

Gro Nylander

Le texte complet de cette intervention et celui de toutes les interventions à la 3° Journée internationale de l'allaitement sont publiés dans un numéro hors-série des Dossiers de l'allaitement.



Peut être reproduit, imprimé ou diffusé 
à condition de mentionner la provenance de cet article.

2 juin 2012

être parent d'ado autrement

L'article de Kiki the Mum m'a interpellé et permis d'écrire enfin cet article qui mijotait sur l'adolescence et son accompagnement... je ne vous propose ici qu'un avant-goût, mais il est déjà intéressant à faire mûrir !

La puberté est une réalité physiologique, l'adolescence est ce qu'on a nommé (ce n'est pas moi qui le dit, mais à ce propos lisez l'article de Kiki the Mum pour les Vendredis Intellos que j'ai mis en lien plus haut)  bien pratiquement pour imposer aux adultes en mutation de ne pas entrer trop vite dans le pouvoir que donne le rôle d'adulte , mais aussi ses responsabilités et ses devoirs... Alors entre droits et devoirs, la limite est compliquée : non, le travail des enfants n'a pas sa place, mais de quel droit interdirait-on aux "jeunes" de prendre des responsabilités : combien créent des associations ou apprennent un métier avec un proche, sans pour autant avoir le respect qui serait accordé dans les mêmes situations à des adultes d'âge plus avancé... Si peu parce qu'on ne leur en donne pas l'occasion, ni même ne leur permet d'en faire naître l'idée bien souvent : ils sont en effet presque toujours l'objet de sarcasmes plus ou moins appuyés, de sourires en coins : " l'âge bête" etc... On oublie trop souvent qu'ils sont en train de se chercher, et qu'en plus ils sont en mutation physiologique, comme on oublie la même chose au sujet de la ménopause et de l'andropause, passés dans le silence et l'oubli bien commodes... et aussi forts semble-t'il (ben oui, je n'ai pas encore "testé" :D ) On mets de cases et puis c'est fini ? Non, toute la vie de l'être humain est une mutation mentale et physique, pour autant faut-il stigmatiser les périodes charnières alors qu'elles sont déjà assez complexes (pas forcément compliquées) à vivre !?
Pour moi, ce qu'on a commodément nommé adolescence est une de ces 2 périodes charnières qui entourent la période "royale" socialement parlant (et aussi au niveau de l'espèce humaine) qu'est la période de reproduction, rien que ça !! Alors quoi, l'adolescent est en pleine demande de reconnaissance sociale et humaine, personnelle, et la société ne lui octroie que peu de droits, beaucoup d'obligations, la famille la première, bien entourée qu'elle est pour ne pas dévier... Eh bien je crois pour l'avoir vu qu'on peut accompagner nos "adolescents" autrement. 

Le livre de Catherine Dumonteil-Kremer "L'adolescence autrement Faire confiance aux ados, faire confiance à la vie!" (éditions Jouvence) est riche pour nous donner confiance en nous et surtout en eux : 
"Lorsque ma dernière fille a dépassé sa dixième année, j'ai senti une forme d'urgence qui m'a poussée à me dépasser. (...) Des questions nouvelles se posaient chaque jour qui engageaient ma responsabilité, l'avenir de mes enfants ! Les limites ont-elles encore du sens à cet âge-là ? Comment maintenir le lien, la communication avec eux ? Comment soutenir leurs apprentissages ? Comment donner une information sur la sexualité ? Quelle attitude adopter face à internet, aux jeux vidéo, aux expériences qu'ils font avec l'alcool, les drogues, etc. ? Et quel accompagnement leur donner pour que leur existence ait du sens? (...)                                Je vous propose un partage d'idées, d'expériences, de connaissances. (...) un grand voyage, qui va vous conduire à l'autonomie, celle de vos enfants mais aussi la vôtre." (extrait de l'introduction)
Et pour avoir vu certains jeunes adultes ayant été accompagnés au moins en partie avec respect de leur personnalité et de leurs besoins, j'espère m'en tirer au moins aussi bien et voir mes enfants devenir aussi équilibrés, rayonnants et pleins de vitalité, de confiance et de volonté... Les aider à non pas trouver leur route (car quand peut-on dire qu'on l'a trouvée pour de bon? Nous la construisons toute notre vie!) mais à la forger par eux-même. Qui peut dire quelle sera la route? Elle a déjà commencé pour une ou deux de mes filles, tout juste entamée, et ne pas se jeter sur eux quand on voit des réactions "typiques d'ados" n'est pas toujours facile, mais continuer à les accompagner en respectant encore plus et de plus en plus leur propre vision du monde (en mutation comme l'est toujours la nôtre d'ailleurs!!) mais sans oublier bien sûr que chaque membre de la famille participe à la vie de cette famille... Chacun des membres d'une famille a ses priorités bien sûr, grandir, jouer et apprendre (souvent les deux à la fois), travailler, rêver, réfléchir, philosopher, créer... mais le plus dur dans tout ça est de rallier tout ce petit monde pour que le quotidien et la maison soient vivables pour tous (rangement, propreté, repas, etc) qui ne sont pas du même rang d'importance pour chacun, mais nécessaires malgré tout... Et qui laissent aussi un peu de temps pour des activités tous ensemble ou par groupes selon les envies... La famille c'est tout ça, et l'adolescence est à mon avis davantage une création de liens qui partent de l'adolescent plutôt qu'un détachement des liens forgés par les parents, cela ne veut pas forcément dire que les liens seront brisés dans le processus ! Ils pourront l'être si nous parents nous oublions que nous avons été dans cette création de nouveaux liens (et de quête de nous-même, mais la quête de soi n'est jamais finie ensuite), ou bien ils seront différents mais tressés de confiance et de respect mutuel si nous réussissons à les écouter et les respecter sans être trop bloqués par notre peur de les voir se faire du mal, qui est somme toute la principale cause de soucis et de discordes durant cette période...

" Dans de nombreuses sociétés traditionnelles, le voyage fait partie des rituels de passage à l'âge adulte. Il est aussi un moyen d'apprendre à se connaître et à se développer. Les contrées que nous allons traverser [dans ce livre et/ou dans ce que vont vivre nos adolescents], vous les connaissez déjà. Vous vous souviendrez peut-être des paysages que vous avez parourus il y a longtemps. Cette période est tout simplement exaltante.                                                            Energie, enthousiasme, plaisir de découvrir, de prendre des risques, loyauté, joie d'être autonome, ce sont les mots qui me viennent lorsque je regarde certains adolescents. Je rêve d'une société où ils prendraient un grand plaisir à vivre.                                                          Et pourtant, aujourd'hui, un nombre alarmant de jeunes montrent des signes de mal-être. ennui, manque de motivation, tristesse, rupture, confusion, sentiment d'incompréhension, c'est ce dont j'entends le plus parler lorsqu'il est question d'adolescence autour de moi... et c'est aussi ce qui revient dans mes propres souvenirs. Qu'est-ce que je me suis ennuyée! Au collège, je passais presque tout mon temps à regarder ma montre dans l'espoir que le temps passe plus vite. Ma routine de vie était sans intérêt, et vous ? Lorsque vous pensez à cette période, qu'est-ce qui vous revient en mémoire ?                                                                                                   Que pouvons-nous faire pour nos enfants ? Que peuvent-ils nous apprendre? Comment changer notre regard sur l'adolescence ? Comment faire face ensemble aux grands changements que la vie nous réserve ? Comment les aider à vivre dans un monde en pleine mutation qui a bien plus besoin de solidarité que de compétition?                                                                                                                  Toutes ces questions sont encore pour nous des opportunités de croissance personnelles à saisir à pleines mains!                                                                                                       Êtes-vous prêts à m'accompagner ? N'oubliez pas votre sens de l'humour, vous pourriez en avoir grand besoin !" (extrait de l'introduction)

C'était ma contribution de la semaine aux Vendredis Intellos ;)