9 déc. 2011

Accoucher A Domicile : chapitre 1 Pourquoi l'AAD - Témoignage de 2 mamans

Accouchement à domicile. Partie 1 : Pourquoi l’AAD. Expérience de Maybegreen

Nous sommes deux mères de famille : Maybegreen et VertCitrouille. Nous avons toutes deux accouché à la maison. Pour vous faire partager cette expérience nous avons rédigé un très long article que nous posterons sur plusieurs semaine chapitre par chapitre.

Aujourd’hui chapitre 1 : pourquoi avons-nous accouché à la maison ?

Combien as-tu d'enfants Maybegreen? Où sont-ils nés ? Pourquoi t'es-tu tournée vers l'AAD ?

J'ai 5 enfants, nés en 2000, 2002, 2004, 2007 et 2010. J'ai 34 ans. On dit souvent que l'AAD (accouchement à domicile) est plus souvent vécue par des femmes autour de la quarantaine, ce n'est pas mon cas : j'avais 30 et 33 ans.

Mes deux premiers enfants sont nés dans une clinique privée, celle où ma soeur est née. Ma troisième dans une maternité hospitalière à moins de trente minutes de chez nous (pour un peu, à quelques minutes près, ma deuxième et ma troisième ont failli naître dans notre voiture!). Et enfin, Célestine et Swan sont nés à la maison, avec une sage-femme en accompagnement global, Cy.

« Si certaines sages-femmes libérales se « spécialisent » plus au moins, d’autres, à l’inverse, investissent tout le champ de compétence des sages-femmes en proposant à leurs patientes d’assurer tout le suivi pré et postnatal, y compris celui de l’accouchement. La sage-femme devient l’interlocuteur privilégié de la femme et du couple tout au long de la période qui précède et suit une naissance.
L’accompagnement global de la naissance assoit la sage-femme dans sa mission de spécialiste de la grossesse et de l’accouchement normal et redonne aux parents la confiance en leurs capacités leur permettant de devenir acteurs et responsables de la naissance de leur enfant.
Actuellement, les sages-femmes qui, en France, s’inscrivent dans une démarche d’accompagnement global, proposent des accouchements à domicile (AAD) ou en plateau technique (PT). »
Source : Extrait de la définition de l'accompagnement global sur le site de l'Association Nationale des Sages-Femmes Libérales http://www.ansfl.org/rubrique.php?id=8 )

Je me suis tournée, totalement soutenue par mon mari, vers l'accouchement à domicile suite à un cheminement progressif que je vais tenter d'expliquer. Rien ici de religieux, ni de « spirituel », pas de soudaine prise de conscience non plus, ni de refus absolu du médical.
Mes accouchements successifs ont été de plus en plus respectueux et ouverts sur la découverte de mon corps, de la physiologie de la naissance et des bébés Naissants * , de ce que j'étais capable ou non de faire, ainsi que mon chéri, de ce que j'étais en mesure d'accepter ou de refuser pour la santé et le bien-être de mon bébé et pour moi-même.
Certaines femmes font ce choix de l'AAD avant même leur premier enfant, et que d’autres font à la suite d'expériences allant de désagréables à  choquantes.
Pas besoin cependant d'expériences choquantes pour faire ce choix. Je n'ai rien vécu de tel pour ma part, mais... car il y a un mais... les « fausses notes » n'ont pas été absentes. J’ai ressenti certaines fois un sentiment d'infantilisation ou « d'impersonnalisation » qui déshumanisent cette période si forte du point de vue humain, j’ai aussi parfois mal vécu les gestes pratiqués de façon systématique sans réelle explication, et sans réelle justification médicale. Celui qui m'a le plus marqué : un décollement des membranes non dit (geste que je n'ai compris qu'après la naissance de ma troisième) pour éviter à un gynéco-obstétricien un accouchement spontané un week-end… vécu de façon gênée sur le moment et à postériori comme une sorte de viol, même si le mot peut paraître fort à certains... On peut aussi parler de certains touchers vaginaux qui donnent cette même sensation d'être un bout de viande, un numéro sur l'agenda... Je l’ai ressenti avec plusieurs gynéco-obstétriciens sauf un seul, celui qui a accepté en connaissance de cause de nous accompagner pour le suivi en parallèle de fin de grossesse (et les échographies car il était aussi échographe) en maternité, le seul hormis Cy, « ma sage-femme » et quelques autres sages-femmes rencontrées lors de mes différentes grossesses, tout comme lui passionnées par leur métier !

Pour mes deuxièmes et troisièmes accouchements j'avais failli accoucher dans notre voiture, tant celle-ci accélère la progression du travail … Nous étions arrivés ces deux fois-là (admission attestant) environ 5 minutes avant d'avoir notre bébé dans mes bras! Deux situations différentes, deux distances différentes, et l'équipe médicale était chaque fois dubitative sur l'imminence de l'expulsion jusqu'à voir la tête de mon bébé !! Cela a accéléré aussi la maturation de mon choix (mon mari était prêt avant moi!).


J’ai participé, l'année suivant la naissance de ma troisième, à un Stage d'in-formation sur la Naissance avec Michel Odent et Lilianna Lammers ** qui savent transmettre leur longue expérience, leur savoir et leur confiance dans la femme à "enfanter". Ils m'ont aidé à me re-donner confiance dans ma force. Ma force à pouvoir décider et agir par moi-même pour mon propre accouchement, pour mes enfants ou encore à puiser la confiance en moi ou en ma sage-femme et en sa doula *** si on ressent le besoin d’en avoir une. J’ai ainsi découvert en moi la volonté qui est nécessaire lors d’un accouchement à la maison.


** « Michel Odent, né en 1930 dans l'Oise, est un chirurgien et obstétricien français.
Il a dirigé le service chirurgie et la maternité de l'hôpital de Pithiviers de 1962 à 1985. Il a lancé le concept d'accouchement en salles de naissance « comme à la maison » et les piscines d'accouchement. Il est l'auteur du premier article sur l'introduction de l'allaitement dans l'heure qui suit la naissance. Il a également été un précurseur du chant prénatal.
Michel Odent est l'auteur de publications scientifiques1 et de 11 ouvrages, qui ont été traduits en 21 langues. Il anime des sessions d'information pour sages-femmes et doulas dans plusieurs pays.
En 1985, il s’installe à Londres, et accompagne des naissances à domicile. Il y fonde le Primal Health Research Centre, dont le but est d'étudier les conséquences des évènements qui se déroulent durant la période primale (de la conception au premier anniversaire) sur la santé et le comportement de l'enfant et de l'adulte qu'il deviendra.
Il milite au niveau international en faveur d'un changement des pratiques, en se basant sur l'ensemble des données scientifiques actuelles. Pour lui, « il n’est pas possible aujourd’hui que persiste un tel hiatus entre ce qui se passe dans les maternités et ce qui est publié ». »

*** Définition : « Une doula est une femme qui accompagne, soutient, informe le couple, la femme au moment d'une naissance. »
Bénéfices : « Une étude prospective randomisée3 a montré les bénéfices de l'accompagnement par une doula.
  • un accouchement plus facile,
  • abaissement de 50% du taux de césarienne,
  • diminution de 25% de la durée du travail,
  • diminution de 60% de l'utilisation d'une péridurale,
  • de 40% d'utilisation d'ocytociques,
  • et l'utilisation des forceps est diminuée de 30%
(Source: Marshall H. Klaus, John H. Kennell, Phyllis H. Klaus, The Doula Book: How A Trained Labor Companion Can Help You Have a Shorter, Easier, and Healthier Birth. Perseus Press, 2002, Chapitre V)
Plusieurs autres études ont également montré des bénéfices similaires 4,5,6,7. Ainsi plusieurs d'entre elles montrent également une diminution de 30% de l'utilisation des médicaments pour soulager la douleur. »


Accouchement à domicile. Partie 1 : Pourquoi l’AAD. Expérience de Vert Citrouille



Nous sommes deux mères de famille : Maybegreen et VertCitrouille. Nous avons toutes deux accouché à la maison. Pour vous faire partager cette expérience nous avons rédigé un très long article que nous posterons sur plusieurs semaine chapitre par chapitre.

Aujourd’hui chapitre 1 : pourquoi avons accouché à la maison ?


Et toi Vert Citrouille, combien as-tu d'enfants? En quelles années sont-ils nés ? Quel âge as-tu ?

J'ai trois enfants né en 2007, 2008 et 2010. J'ai 31 ans. Je n'approche donc pas non plus de la quarantaine !


Je crois que tu as décidé dès ta première grossesse d'une naissance à la maison... Qu'est-ce qui t'a amené (et ton chéri) à faire ce choix ? Où tes enfants sont-ils nés ?

Dès ma première grossesse je savais que je voulais un accouchement naturel. Accoucher me semblait un acte normal. Même si cela était encore du domaine de l'inconnu, je m'en sentais tout à fait capable. Je pense qu'inconsciemment l'histoire de ma naissance à jouer. Ce n'est pas une histoire remplie de cries, de douleurs ou de fatigue. Ma mère a perdu les eaux, elle a appelé la clinique qui lui a dit d'attendre les contractions. Le lendemain matin de bonne heure elle s’est rendue à la maternité où elle a accouché une heure plus tard. Une naissance si facile et rapide, qu’elle a failli accoucher seule !

Pour la naissance de mon premier enfant nous avions en effet envisagé un accouchement à domicile. Après quelques mois de préparation avec la sage-femme nous avons abandonné cette idée. Nous n’avions pas réussi à instauré un rapport de confiance avec elle et avions beaucoup de mal à l’envisager chez nous le jour J, dans notre intimité.
A l’époque mon mari étant encore partagé sur un AAD. Il avait de l’appréhension, il avait peur de ce qui pouvait se passer si jamais cela se passait mal. D’un autre côté il était fondamentalement pour car c’est un acte naturel et qu’il est pratiqué (non médicalisé) ainsi dans la majorité des peuples du monde.
J’ai donc accouché de ma fille à l’hôpital, une naissance naturel. Chose exceptionnel j’étais la seule à accoucher cette nuit là, j’ai aussi rencontré une sage-femme qui m’a soutenu tout le long de mon accouchement dans mes choix (pas de péridurale, pouvoir me déplacer) et a été peu interventionniste (seulement un monitoring de 30 minutes et un toucher vaginal). Cet accouchement était donc pour moi un accouchement en hôpital réussi malgré quelques bémols.

Très vite nous avons voulu un deuxième enfant. Un accouchement à domicile redevenait possible car nous avions déménagé. Je me suis donc mis à la recherche d’une sage-femme en tout début de grossesse. J’ai rencontré So « ma sage-femme », « la sage-femme de notre famille ». Une première rencontre qui nous a convaincu, suivi d’une seconde avec Sa, sa comparse allemande qui n’a fait que confirmer notre choix.
Les appréhensions de mon mari avaient disparu car il avais vu que j’étais capable de mettre au monde un bébé toute seule. Il s’était aussi renseigné sur le sujet, cela n’a fait que renforcer sa vision que c’est un acte naturel et non médical. Le premier contact avec So avec qui nous avons beaucoup échangé et qui donnait une vraie place au père dans l’accouchement l’a conforté dans cette décision. En effet il avait été très frustré lors de la première naissance en ayant l’impression de ne pas être à sa place, de ne servir à rien.
Finalement cette naissance n’a pas eu lieu à la maison. Trois semaines avant le terme j’ai perdu les eaux. Elles étaient vertes. Je n’étais pas très optimiste sur mes chances d’accoucher à la maison, ce qu’a confirmé notre sage-femme après un monitoring. Nous nous sommes donc tous rendu à la maternité où j’ai accouché de mon fils trente minutes après y être arrivé. Un accouchement parfait vu que les sages-femmes de l’hôpital n’ont tout simplement pas eu le temps de faire quoi que ce soit et que So leur a gentiment dit de me laisser dans la position que je souhaitais. Une suite malheureusement moins heureuse vue que Jack a fini en néonatologie.

Lorsque je suis tombée enceinte de mon troisième enfant c’est tout naturellement que nous avons recontacté So avec qui nous avions gardé le contact depuis la naissance de Jack. Elle était très heureuse de nous accompagner dans cette nouvelle grossesse et nous espérions tous que cette fois elle se ferait dans l’intimité de notre foyer. Et c’est ce qui c’est en effet passé pour notre plus grande joie !



Des renseignements sur l’AAD ?
En France :



La semaine prochaine : notre préparation à la naissance ... 
à suivre !

3 commentaires:

  1. Merci beaucoup de votre témoignage à toutes deux... Comme je disais chez VertCitrouille, ces informations de première main manquent souvent aux futures mères qui se lancent dans l'aventure pour la première fois...!
    Personnellement, je me reconnais beaucoup dans ton parcours, n'étant venue à l'AAD que par des découvertes progressives de mon corps (et j'ai encore plein d'espoirs pour cette nouvelle grossesse!!)...
    Mon unique tout petit regret du point de vue des VI est que vous ne vous soyez pas davantage appuyées sur des extraits d'ouvrages sur l'AAD. Même si ceux-ci ne remplacent pas la fraîcheur de vos témoignages, ils demandent aussi à être connus (même si tu le fais déjà beaucoup ici!!) et surtout à être contextualisés (l'intérêt selon moi de l'association ouvrage+témoignage)...
    Peut être dans votre chapitre 2????
    Merci en tout cas sincèrement pour ce gros boulot!!!

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  2. En fait, pour ce qui est des ressources, il reste plusieurs chapitres à lire , nous n'avons pas mis tout, on garde le meilleur à venir, suspense !
    ;)

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  3. Sur les Vendredis Intellos un petit débat s'est ouvert, très intéressant : pour le lire :
    http://lesvendredisintellos.com/2011/12/09/accoucher-a-domicile-chapitre-1-pourquoi-laad-temoignage-de-deux-mamans/

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