Nous sommes deux mères de famille : VertCitrouille et Maybegreen
. Nous avons toutes deux
accouché à la maison. Pour vous faire partager cette expérience
nous avons rédigé un très long article que nous posterons sur
plusieurs semaine chapitre par chapitre.
Il y a quelques semaines, nous
avions évoqué ce qui nous avait mené vers l’accouchement à
domicile, deux parcours différents.
Ensuite, nous avons parlé de nos préparations à l’accouchement.
Aujourd'hui, pour la 3e partie, nous voici venues vous raconter comment se sont passées les naissances de nos enfants dont nous avons préparé les AAD. Ces récits étant trop longs pour être mis ensembles à suivre, celui de Maybeegreen sera raconté ici et celui de VertCitrouille sur son blog. Les réactions sont bienvenues sur nos blogs et sur les Vendredis Intellos!
Comment se sont passé
tes accouchements à la maison ? Te les étais-tu imaginé ?
Si oui était-ce comme tu les souhaitais ? Quel a été la place
de ton mari ? Et de ta sage-femme ?
Ces
deux naissances ont eu lieu la nuit, commencé en soirée...terminée
toutes deux aux alentours de deux ou trois heures du matin...
J'avais
visualisé les lieux possibles, selon que les enfants seraient à
l'école ou à la maison durant le travail, sachant que je devrais
avoir du calme et pas à me soucier pour une fois de leur bien-être
mais du mien... pour ce bébé à naître, pour ne pas compliquer le
travail, conserver une intimité la plus agréable possible, pouvoir
éventuellement déambuler dans mon jardin au début et au milieu du
travail...si l'envie m'en prenait... pouvoir éventuellement prendre
un bain, mais de toutes les façons prendre une douche chaude quand
je serais presque sûre... et voir si le travail se maintenait,
croissait en intensité ou si ce n'était pas le moment... Si la
naissance avait lieu lors de la présence éveillée des enfants,
nous avions des proches prêts à accueillir les enfants si besoin
pendant le temps nécessaire... Ayant accouché la nuit, c'était
idéal pour moi...
Quant
à imaginer une naissance, elles sont toutes différentes, et ce
qu'on imagine n'est toujours qu'un ersatz comparé à ce qu'on vit.
Mais la sensation de puissance immense, de vie intense, de force pure
et de joie fabuleuse ont été de véritables révélations pour moi
: jamais lors de mes trois premiers accouchements en structure je
n'avais ressenti cela, et pourtant les rencontres avaient été
pleine de bonheur et d'émotions, mais là, lors des naissances à la
maison de Célestine et Swan (prénoms fictifs pour préserver notre intimité) , le bonheur était décuplé, les
émotions sans barrières !
Naissance de Célestine :
La
première période d'une naissance est Mouvements, vibrations,
balancements, étirements, massages quand cela commence à
s'intensifier, si on en ressent l'envie... immersion ou contact avec
l'eau chaude, sur le creux des reins, le dos, la nuque, tout le corps
enveloppé de chaleur et de fluidité... Conduis-moi... Berces-moi...
Enroules-moi pour accompagner le voyage de mon enfant... l'aider à
faire son chemin de vie pour venir découvrir la lumière un peu, nos
visages heureux, le monde, et nous ses parents, qui l'attendons avec
tant de tendresse...
Je
suis prête, tu peux appeler Cy, Chéri : c'est parti !
Je me
berce encore grâce à mon ballon, rotations, déhanchements, je
cherche le soulagement pour ne pas me fatiguer trop vite... Je
m'allonge un peu, je n'ai pas vraiment envie que mon bébé arrive
avant Cy, là... Cy arrive dans le calme de la nuit... Pose ses
affaires, que je vois à peine, tout ce qu'il lui faut, mais la
discrétion même... Tout va bien. Je peux laisser mes contractions
poursuivre leur poussée de ma petite Célestine, car Chéri et moi
savons...nous seuls.
Massages.
Tendres mouvements lents et fermes dans le bas de mes reins, ça
chauffe doucement et ça fait du bien, car là, les contractions
commencent à faire vraiment mal...
Pause.
Je n'ai plus envie de bouger. Je vais m'installer au sol, sur la
couverture moelleuse, mon Chéri est là, Cy est là... D'ailleurs Cy
a perçu le changement, mes yeux qui la cherchent... les massages ne
suffisent plus à présent, je n'en veux plus... Les bouillottes en
noyaux de cerises bien chaudes, ni les compresses humides et chaudes,
non plus... Cy se rapproche de moi, doucement, simplement, s'assied
sur la couverture avec nous.
Arrive
la phase de « désespérance » : la fin est proche, mais
qu'on accouche pour la première ou la énième fois, toujours cette
impression énorme de ne pas pouvoir y arriver, de mourir bientôt !
La force des contractions est gigantesque, longue, s'étire encore
et encore... s'affaisse et reflue lentement... Pour revenir presque
aussitôt , encore et encore... C'est là que Cy m'encourage dans un
murmure grave : tout va bien, tu sais que tu va y arriver, c'est
juste bébé qui est là, juste là, tout près... Sens !
Célestine
est née devant le feu de cheminée, ce soir de mai-là. Mon mari
était assis derrière moi pour me soutenir et je m'y suis agrippée
comme à la vie pour les dernières contractions.
D'ailleurs
il a eu mal pendant quelques jours , mais cela le faisait rire de
bonheur : la puissance d'une femme qui accouche est telle, aime-t'il
à raconter, qu'elle pourrait soulever une voiture !
La
naissance de Celestine, vue par ma 2e :
"C'était
plus marrant qu'à l'hôpital, plus agréable parce qu'il n'y avait
pas beaucoup de bruit pour que maman se concentre. J'avais quand même
un peu peur pour maman parce qu'elle poussait des drôles de cris...
Je voulais à tout prix savoir si c'était un garçon ou une fille,
je voulais aider maman quand le bébé sortirait ; j'ai entendu
maman crier (pour aider Célestine à sortir) et je suis allée voir,
sans faire de bruit (maman nous avait prévenu que ce jour-là il ne
faudrait pas la déranger tant que le bébé ne serait pas né, et un
peu après aussi) , et j'ai vu ma petite soeur naître, elle était
toute petite, plus que je ne croyais, elle était mouillée, ça
faisait bizarre, et aussi parce qu'elle n'avait pas beaucoup de
cheveux. J'étais contente de l'avoir vue sortir. J'ai été chercher
mes soeurs pour qu'elles viennent voir, et ensuite nous sommes
retournées dormir. Quand le matin nous sommes allées à l'école,
j'ai raconté à tout le monde que j'avais vu ma petite soeur naître,
j'étais trop contente !"
La naissance de Swan :
Tout
est encore plus simple, je n'ai même plus d'inquiétudes sur
l'arrivée éventuelle de Cy quelques minutes après ou avant : peu
importe, j'ai désormais entière confiance dans la physiologie de
l'accouchement, notre capacité à faire de ce moment une aventure
unique et si simple de beauté, à couper le souffle !
Reste
le suspense de ce petit bébé coquin (dont nous savons -volontairement- pas encore le
sexe, un mystère à découvrir) qui se fait une beauté
longuement... tant qu'à quelques heures près, il serait né en
maternité s'il n'avait enfin décidé de se montrer au grand jour
pour qu'on puisse enfin l'embrasser sur les joues, les cheveux, les
mains, les pieds...
Nous
essayons toutes les méthodes douces que je connais : rires, câlins,
un peu de voiture aussi, pour aller voir Cy et vérifier que tout va
bien... feu vert pour un jour de plus, mais dernier délai (au-delà
d'un terme défini en début d'accompagnement par la sage-femme, elle
ne se permet plus d'accompagner un aad)... Aie, bébé viens donc,
tout est prêt, tout le monde t'attend, oh et puis, mince, fais comme
tu veux, tant pis, moi, il faut que je dorme car la nuit dernière a
été une « fausse alerte » ! En fait, la nuit dernière
a bien avancé le col, mais le travail n'est toujours pas réellement
en route. Je me couche très tôt après une balade au bord du canal
avec chéri (les enfants étaient à l'école)... Je me couche vers
18h... Chéri s'occupe des enfants. J'ai le calme et je m'en fous...
Dormir...
Je
dors deux heures ou un peu moins... et je me réveille avec la
certitude que ça y est, mon bébé arrive ! Une contraction
puissante, mais brève, j'ai encore du temps. Elles sont aux 20
minutes, pour l'instant je regarde l'heure, mais quand Chéri aura
appelé Cy, cela n'aura plus aucune importance...Pour l'instant, je
prépare le nid sans bruit, mais je préviens mon Amour que je vais
prendre une douche et qu'ensuite il saura si c'est le moment de
téléphoner à Cy. Appeler pour rien au milieu de la nuit, ça ne
nous dit rien, alors même si je sens que c'est pour de bon cette
fois, je préfère aller me réchauffer avec cette douche et guetter
les signaux de mon corps, parler encore à mon bébé aussi, sans
réveiller les enfants, je monte à l'étage et me faufile dans la
salle-de-bain , et me plonge avec délices sous la douche chaude...
encore à l'aise... et les contractions se rapprochent déjà une aux
15, puis une aux 10 minutes ! Elles restent environ aux dix minutes
et toutes de la même force, même, je dirais qu'elles ne font pas
mine! Je sors de la douche, le sourire aux lèvres, les yeux émus :
j'ai bien raison, la rencontre attendue est pour cette nuit !
Chéri
appelle Cy, elle arrive, le temps de prendre une douche et de faire
la route.
J'installe
quelques dernières choses qui attendaient sagement dans le panier
pour ce moment-là... Mon chéri m'aide, tout ça dans la quiétude
de la nuit... sans mot inutile, dans la douceur, avec sérieux et
sourire à la fois... encore que, côté contractions, ça commence à
douiller sérieux aussi, on en est aux 7-8 minutes... Massages des
reins, Chéri est serein... Les contractions ne me laissent plus
m'occuper d'autre chose... on doit être aux 5 minutes, mais je n'ai
plus regardé ma montre alors c'est juste l'impression que j'avais...
Ballon, c'est bon aussi, rouler le bassin, ça fait du bien, pendant
qu'il remet du bois dans le feu et accueille Cy qui vient
d'arriver...je n'ai même pas entendu la voiture, comme la première
fois...
Ils
plaisantent tranquillement, mais je décroche de plus en plus ; juste
les contractions et la descente de bébé... Cy s'installe sur la
chaise que je lui ai préparé je crois... Je demande à chéri par
bribes de venir me soutenir pour que je m'étire...et soulage ainsi
des contractions qui ne laissent plus guère de répit... pas
vraiment des mots, il me semble, mais il comprend...
Je
suis presque verticale, soutenue par mon Amour assis sur notre lit,
je mets mes jambes en appui contre la cheminée pour ne pas faiblir
lorsque j'accompagne de toutes mes forces les contractions qui
expulsent mon bébé hors de son premier logis, le bail est expiré,
mon petit coeur, viens désormais dans nos bras, qu'on te couvre de
baisers, qu'on te découvre..
Les
yeux dans les yeux avec Cy, puis la vague presque continue cette mer
déchaînée et soudain l'explosion finale qui nous surprend la poche
des eaux et bébé arrivent en même temps la tête est là, je te
sens tout chaud tout doux tendre enfant je te guide ...secondée par
Cy qui veille et intervient le moins possible, toujours en appui de
toutes mes forces arc-boutée contre le torse protecteur de mon
Chéri, qui est mon pilier, tout comme Cy est mon phare...
J'accompagne enfin la dernière vague et tu glisses dans mes bras, je
te prends contre moi, si doux, si bien fait, tes petites mains, tes
petits pieds, ton odeur me font vibrer comme chacun de mes enfants
nouveaux-nés !
Enfin
une partie de mon cerveau se connecte un peu et je regarde : tu es un
petit gars, comme je me l'imaginais depuis des mois, sans en avoir la
certitude et sans vouloir l'avoir... C'est un peu magique la
rencontre avec son enfant, un regard plein d'Amour à mon Chéri, un
regard presque aussi fort à Cy, je m'aperçois à peine que ma plus
grande fille est là depuis à peine quelques minutes ou moins : elle m'a
entendu, a attendu que je fasse moins de bruit de peur de me gêner,
et est heureuse de découvrir la « première » son petit
frère... cependant point besoin de réveiller les autres demoiselles
qui viennent découvrir qui est le nouveau membre de la famille
quelles vont pouvoir effleurer d'une caresse timide... Elles
retournent gentiment se coucher, mais il y a de la joie dans
l'air...cependant elles ne nous dérangent pas et finissent par se
rendormir...
J'ai
à peine perçu tout ça, toute à mon premier câlin avec mon
bébé... les yeux dans les yeux, peau à peau, Chéri et Cy nous
couvrent des serviettes chaudes et douces, puis m'aident à
m'installer avec Swan dans le lit confortablement , ensuite
recouverts de la couverture prévue, et je demande même en murmurant
la couette par-dessus : je me laisse désormais dorlotter, toute à
mon bébé, qui fait connaissance avec mon sein... Bébé et moi
sommes toujours reliés, car on ne coupera le cordon que lorsqu'il
n'aura plus de battements, plus d'échanges...
A un
moment, un peu plus tard, les contractions reviennent, pour
« nettoyer le nid », libérer le placenta, j'avoue que je
ne sais même plus où j'étais installée à ce moment-là, toujours
est-il que le placenta était en un seul morceau, impeccable, tout
allait donc pour le mieux, c'est tout ce que je me souviens de ça,
et que c'est presque aussi fort que le passage des épaules de bébé,
donc pas aussi difficile que la tête, dernier effort avant la
paix... sauf celle des tranchées, mais c'est un autre sujet ;)
Cy
s'occupe de moi et de bébé (toujours en peau à peau), Chéri et
elle finissent par lui mettre sa première couche lavable et l'habiller sous mes yeux, et le reposent contre
moi bien au chaud. Elle me veille quelques heures, partage un thé ou
un café je ne sais plus, j'ai droit à ce qui me fait envie... puis
elle remplit les papiers... je crois que c'est tout, elle nous
souhaite une bonne fin de nuit à 3, reviendra nous voir dans
quelques heures après un peu de sommeil et quelques rendez-vous...
Rien
de spécial pour les suites des couches, Cy revient nous voir
régulièrement et on peut l'appeler quand on veut, elle apporte le
carnet de santé (à moins qu'elle l'avait déjà apporté et rempli
;)) , effectuera avec un hamac en tissus la pesée de mon bébé et puis prendra ses mesures, nous feront la visite du « 8e jour » avec notre
médecin traitant...
Du
bonheur à l'état pur, la vie tout simplement !
Pour maintenant lire les récits de naissances de Vert Citrouille c'est par ici !
Rendez-vous vendredi prochain pour la 4e et dernière partie !
Avez vous vu ce film sur l'accouchement à domicile ? http://entreleursmains.wordpress.com
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